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Ce qu’il faut retenir :
- “Les perfectionnistes témoignent d’un haut niveau d’exigence – envers eux-mêmes et envers les autres – et accordent une importance particulière aux détails.”
- “Le perfectionniste travaille beaucoup, pour confirmer sa valeur et se prouver qu’il vaut quelque chose.”
- “Le manager perfectionniste rencontre souvent des difficultés à encourager, à féliciter ou à valoriser le travail réalisé par ses collaborateurs.”
- “14 pistes pour se défaire du perfectionnisme : se montrer réaliste, accepter les différences, déléguer, être bienveillant avec soi et les autres, faire de son mieux et se lancer, tolérer l’échec et cultiver sa patience, se libérer du regard des autres, travailler plus efficacement, s’affirmer et apprendre à dire non, se fixer des limites et des deadlines, se fixer des objectifs atteignables, demander de l’aide, faire des to-do liste, faire une to-me liste.”
Vous travaillez sans cesse ne faites aucune pause ? Vous n’arrêtez pas de travailler une fois chez vous, refaites les présentations que d’autres ont faites pour vous ? Vous vous documentez sans cesse ? Vous trouvez toute information importante, et ne savez pas aller à l’essentiel ? Votre travail vous semble toujours améliorable ? Vous êtes très sensible aux commentaires sur votre travail ?
Si vous répondez par l’affirmative à la plupart de ces questions alors vous êtes sûrement un perfectionniste. Attention au perfectionnisme qui mène souvent à l’épuisement et à la déception permanente.
Comment fonctionne le perfectionniste ?
Il recherche la perfection dans la moindre de ses actions. Son échelle de valeur s’en trouve donc tronquée. Pour lui, tout est important et rien ne doit être laissé au hasard. Cet état d’esprit résulte, le plus souvent, d’une éducation tournée vers l’excellence.
Les perfectionnistes témoignent d’un haut niveau d’exigence – envers eux-mêmes et envers les autres – et accordent une importance particulière aux détails. Les imprécisions et les imperfections leur sont insupportables. Pour les éviter autant que possible, ils consacrent beaucoup de temps à l’exécution de leurs tâches quitte à faire et refaire un travail qui ne leur paraîtrait pas conforme.
Cette attitude les conduit à adopter une attitude de contrôle et de rigidité, les empêchant ainsi de déléguer. Pour eux, autant faire soi-même ce que l’autre ferait mal.
Le perfectionniste et la gestion de ses émotions
C’est généralement l’anxiété, l’insatisfaction et la culpabilité qui dominent leur état d’esprit. En effet, les perfectionnistes rencontrent très souvent des difficultés à trouver de la satisfaction dans leurs réalisations et/ou dans celles d’autrui. Ils sont convaincus de pouvoir toujours faire mieux. C’est pour cette raison qu’ils peinent à accueillir les critiques et les remarques négatives qu’ils interprètent comme une atteinte personnelle. Le perfectionniste travaille beaucoup, pour confirmer sa valeur et se prouver qu’il vaut quelque chose.
Son haut niveau d’exigence peut notamment être schématisé de la façon suivante :
Portrait robot du perfectionniste
Dans le schéma ci-avant, l’on constate aisément le décalage entre le niveau d’exigence demandé par la hiérarchie et celui du perfectionniste. L’attitude de ce dernier au bureau peut être symbolisé par l’exemple suivant : un supérieur hiérarchique demande un rapport sur la concurrence et son collaborateur lui prépare un dossier de 50 pages qui ne le satisfait pas vraiment.
Dans ce contexte, son attitude se traduit par les comportements suivants :
- Un trop plein d’énergie
- Une perte de temps liée à une trop grande attention accordée aux détails
- Une forte insatisfaction
- Un niveau d’exigence disproportionné
- Une implication démesurée
Avec en contrepartie :
- Un manque de temps de récupération pour recharger ses batteries
- Une difficulté à prioriser les tâches
- Un manque de recul sur la valeur des choses
- Un manque certain de lâcher prise
Les conséquences du comportement du perfectionniste dans son rapport aux autres
L’œil exacerbé du perfectionniste parvient généralement à identifier la moindre imperfection et faute dans le travail délivré par autrui. Attitude qui le conduit à se focaliser sur des détails sans apprécier le travail d’ensemble. Face à cela, le perfectionniste exige souvent de ses collaborateurs de se montrer plus précis et plus exhaustifs dans la réalisation de leurs tâches. De la même manière, le manager perfectionniste rencontre souvent des difficultés à encourager, à féliciter ou à valoriser le travail réalisé par ses collaborateurs.
Cette attitude ne doit pas être prise à la légère tant ses conséquences peuvent s’avérer néfastes pour les équipes en ce qu’elle contribue à dévaloriser leur travail, à leur faire perdre leur motivation et, dès lors, engendrer un certain découragement de leur part face à l’absence de feedbacks positifs. La résultante peut également se traduire par un turn-over élevé.
14 pistes pour se défaire du perfectionnisme
Piste #1 – se montrer réaliste
La réalité représente une donnée essentielle sur laquelle il lui est primordial de s’appuyer pour mieux s’adapter et gagner en agilité dans l’entreprise. Pour cela, le perfectionniste doit connaître ses limites, identifier clairement les moyens dont il dispose pour réaliser son travail et accepter de réaliser ses tâches en se focalisant sur l’essentiel et ainsi, se passer du superflu.
Piste #2 – accepter les différences
Le perfectionniste se doit d’entendre et d’accepter que les autres n’auront pas toujours les mêmes façons de faire que lui. Il doit apprendre à mieux les connaître pour embrasser leur savoir-faire. Le perfectionniste doit accepter ces différences pour s’enrichir des expériences des autres et ainsi, progresser.
Piste #3 – déléguer
C’est en prenant connaissance des méthodes de travail des autres, qu’il lui sera possible de déléguer. En déléguant, il est judicieux d’anticiper mentalement le travail fourni par la personne, en tenant compte de ses savoir-faire personnels.
Piste #4 – être bienveillant avec soi et avec les autres
Pour être performant et apporter de la valeur ajoutée à ses équipes, le perfectionniste doit embrasser l’idée que chacun a le droit de commettre des erreurs et de s’encourager dans la réussite. Il est aisé de passer de la persécution involontaire à la bienveillance en passant de « Parent persécuteur » au « Parent nourricier » en s’inscrivant davantage dans une démarche d’accompagnement et d’encouragement que de critique et de dénigrement.
Piste #5 – faire de son mieux et se lancer
Cette piste fait référence à la notion de confiance en soi : cette capacité à se lancer malgré les doutes et les incertitudes. Alors, pour être performant, le perfectionniste doit accepter les doutes et faire confiance en sa capacité à faire face aux événements, qu’ils soient positifs ou négatifs.
En effet, le manager perfectionniste se doit de valoriser les efforts fournis par son équipe même si le résultat n’est pas à la hauteur de ses attentes. Dès lors, il doit se demander : est-ce qu’ils ont fait leur maximum dans le temps imparti et en tenant compte des contraintes ? Les personnes font de leur mieux quand on leur donne des signaux d’encouragement.
Piste #6 – tolérer l’échec et forger/cultiver sa patience
L’échec représente la première étape du chemin vers la réussite. Tendre vers la réussite est impossible sans prise de risque. Cette dernière induit, elle-même, des échecs. Il lui faut l’accepter pour gagner en efficacité.
Pour parvenir à changer sa perception de l’échec, le manager perfectionniste peut se livrer à une introspection en identifiant l’un des échecs rencontrés et en observant les qualités que cette épreuve lui a permis de développer.
Toute réussite n’étant pas immédiate, le manager perfectionniste se doit de forger sa patience. D’autant plus qu’il dispose d’une relation particulière avec le temps : il consacre beaucoup de temps à l’exécution de ses propres réalisations mais témoigne souvent d’une certaine impatience quant aux actions d’autrui.
Piste #7 – se libérer du regard des autres
La vraie liberté peut être associée à la capacité dont disposent les enfants à être insouciants et à s’inscrire dans l’instant présent. Ils ne prêtent aucune attention aux autres. Ils prennent leurs propres décisions sans tergiverser.
Pour lui permettre d’analyser l’importance qu’il accorde au regard des autres, il peut être intéressant pour le manager perfectionniste d’en observer les conséquences sur sa vie actuelle (professionnelle, personnelle). Puis, de s’interroger sur les différences s’il n’en avait pas tenu compte ? Cette analyse préalable lui permettra sans doute de se rendre compte qu’en tentant à tout prix d’obtenir des feedbacks positifs de la part de son entourage, il en perd la notion de l’essentiel.
Piste #8 – travailler plus efficacement en développant sa productivité
Pour gagner en productivité, le manager perfectionniste a tout intérêt à identifier 2 à 3 objectifs prioritaires et clés. Pour ce faire, le questionnement peut s’avérer utile et pertinent : « est-ce que ce que je fais est important pour me rapprocher de mes 2-3 objectifs ? » pour lui permettre de consacrer son temps, son énergie et son attention dans la génération de valeur ajoutée pour son équipe et son entreprise.
Piste #9 – s’affirmer et apprendre à dire non
L’affirmation de soi est cette capacité à exprimer ses opinions avec courtoisie et diplomatie. Elle consiste à savoir dire non aux autres quand cela pourrait nous mettre en difficulté. Pour la développer, le manager perfectionniste doit développer une forte estime de lui, apprendre à reconnaître sa valeur et écouter sincèrement ce que disent les autres de lui, pour ainsi, identifier ses points de force et accepter ses limites.
Piste #10 – se fixer des limites et des deadlines
Pour gagner en performance et en efficacité, il lui faut aussi apprendre à se dire non à lui-même et se fixer des limites pour aller à l’essentiel.
Cette citation de Bill Gates illustre ce propos à point nommé : « quand j’ai une tâche importante à donner, je la donne toujours à des personnes paresseuses. Parce qu’elles trouvent des solutions plus rapidement que les perfectionnistes. Elles vont à l’essentiel. »
Piste #11 – placer la barre moins haut
Pour gagner en efficacité, le manager perfectionniste gagnerait à faire ce qu’on lui demande sans pour autant en faire toujours plus. Pour cela, il peut être judicieux, pour lui, de prendre le temps d’identifier clairement et précisément ce que l’on attend de lui pour qu’il puisse y répondre. Dans ce contexte, il lui faut garder en tête que, parfois, le mieux est l’ennemi du bien.
Piste #12 – demander de l’aide et déléguer
Croire que l’on peut y arriver seul est une illusion à laquelle cède le manager perfectionniste. Il doit prendre conscience que, pour réussir, il se doit d’être entouré des meilleurs, d’individus plus compétents que lui et disposés à contribuer à cette réussite.
Pour y parvenir, le manager perfectionniste a tout intérêt à segmenter ses actions pour obtenir des « petites victoires » et ainsi se voir avancer. Pour illustrer ce propos, l’on peut utiliser une analogie avec les alpinistes qui sont accompagnés par des sherpas et utilisent un camp de base puis des camps intermédiaires avant d’atteindre le sommet.
Piste #13 – faire des « to-do list »
Parcourir une trop longue to-do list peut s’avérer décourageant. Pour gagner en efficacité, le perfectionniste gagnerait à l’écrémer en identifiant trois tâches principales sur lesquelles concentrer ses efforts et son attention.
Piste #14 – faire une « to-me list »
Se sentir bien est l’un des facteurs clés de performance pour tout dirigeant. Cela se vérifie pour le manager perfectionniste qui a souvent tendance à s’oublier. Pour palier à cela, il lui est primordial de préparer une « to-me list » – en réponse à l’interrogation suivante « que vais-je faire pour moi aujourd’hui » – qui lui permettra d’évaluer son niveau de confiance, sa créativité et son audace.
Pour conclure, même si il lui est évidemment difficile de modifier fondamentalement son comportement, – généralement issu de son enfance et de son éducation – prendre en compte les points évoqués plus haut peut lui permettre de capitaliser sur ses “qualités” de perfectionniste et ne pas subir et/ou faire subir ses excès aux autres.
« L’art de vivre est un subtil mélange entre le lâcher-prise et le tenir bon. » (Henri Lewis)
Frank DUMAS