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Peu évidentes a priori, les similitudes entre James Bond 007, espion au service de sa Majesté, et un dirigeant d’entreprise sont nombreuses. Un exemple parmi d’autres : tous les deux sont motivés par un objectif défini avec clarté et sont soumis à une forte pression dans un contexte incertain et hostile, ce qui a pour conséquence un sentiment de solitude ressenti dans l’exercice de leurs missions.
Que peuvent amener ces ressemblances sinon à nous interroger sur les divers enseignements ? Que peut apporter ce personnage culte aux dirigeants d’entreprises ? Nous pouvons, ainsi, enrichir cette thèse par l’analyse de ses comportements, de ses attitudes et de ses actions en disséquant les nombreux films dont il est le héros.
Selon moi, le dirigeant, doit pouvoir trouver dans cette très riche saga, une source d’inspiration. En effet, du comportement de ses ennemis, il peut tirer des enseignements salutaires sur les écueils à éviter.
Pour davantage apprécier l’analyse exposée dans cet article, découvrez ce glossaire sur la saga Bond
Les films, eux-mêmes, par leurs scénarii, peuvent être de puissants éléments de réflexions. Pour les mettre en exergue, nous avons découpé cette analyse en trois épisodes : le rapport de James Bond à son équipe, le comportement de l’agent dans l’action/sa gestion de la concurrence et, enfin, son rapport à l’humain.
On part de l’observation simple que l’ensemble des films respecte la même construction :
- Un pré-générique [1], souvent avec une fin de mission précédente pour Bond, qui se conclut par l’élimination de ses ennemis
- Un entretien dans le bureau de M [2] qui lance la mission, raison d’être du film, en relation ou non avec le pré-générique
- Au démarrage, l’objectif de l’agent est d’identifier l’ennemi et la menace, en collectant de l’information et en remontant l’organisation [3]
- 007 progresse dans l’identification du méchant et de son dessein, ce qui n’exclut pas l’échec et/ou des situations inconfortables et périlleuses.
- Toutefois, il reste concentré sur sa mission, organise « son équipe » et renverse la situation
- Enfin, Il réduit à néant son ennemi, l’empêche d’atteindre son objectif en détruisant son QG et, très souvent, en l’éliminant [4]
- La conclusion méritée se concrétise par le moment de détente avec la James Bond « girl ».
On ne gagne jamais seul
En début de mission, l’espion agit toujours seul. Par exemple, dans Goldfinger, c’est seul qu’il se présente à Auric Goldfinger au golf. Idem dans Moonraker, lorsqu’il entre en contact avec Drax en se présentant sous sa véritable identité et fonction [5].
James Bond est convaincu qu’il agit plus efficacement en solitaire comme il le confie à Pam Bouvier et Q [6] dans Permis de tuer. Certaines situations ont conforté cette conviction, notamment sa rencontre avec Mélina Havelock, qui tue à l’arbalète l’assassin de ses parents, Hector Gonzalès dans Rien que pour vos yeux.
Cependant, le succès n’arrive que lorsqu’il est en équipe ; il n’existe pas de réussite dans la solitude.
Il est généralement entouré de partenaires féminins, parfois masculins qu’il choisit rarement lui-même. Ces rencontres sont, le plus souvent, fortuites (ex : Stacey Sutton), mais lui sont indispensables pour lui permettre de réaliser son objectif. Elles lui apportent souvent un regard et une approche différentes (ex : Natalya Simonova).
On s’entoure d’équipiers divers…
Les partenaires de Bond possèdent des pedigrees variés. Parmi eux, on retrouve des James Bond girls rencontrées en cours de mission (ex : Honeychile Rider, Tracy di Vicenzo), des ennemis retournés (ex : Tatiana Romanova, Pussy Galore), des agents de la CIA (ex : Quarrel, Dr. Goodhead), des agents du MI6 (Ali Kerim Bey, Paula Caplan), d’autres services secrets (Tigre Tanaka et les ninjas, René Mathis) ou d’autres (Marc-Ange Draco, Valentin Zukovsky).
La performance commune repose sur le fait que ses membres partagent les mêmes valeurs, le même objectif, qu’ils sont complémentaires et que 007 est attentif à leurs attentes.
mais avec des valeurs communes et un même objectif…
Bond partage des valeurs et un objectif commun avec ses partenaires, même de natures diverses : la paix (dans Demain ne meurt jamais), ou bien du rejet de celles de l’adversaire (Moonraker)…
Bien entendu, l’agent et ses alliés partagent le même objectif : identifier les desseins de Stromberg (L’espion qui m’aimait), identifier l’origine des diamants de Gustav Graves (Meurs un autre jour), localiser les missiles nucléaires volés à l’OTAN (Opération tonnerre), détruire le QG de Blofeld (On ne vit que deux fois) ou encore ruiner le Chiffre (Casino Royale).
Avec le partage des valeurs et de l’objectif, la mission devient claire et comprise par tous. Dans ce contexte, le « collaborateur » s’adapte avec facilité à la situation.
avec surtout des compétences complémentaires…
Former ce type de partenariats permet à Bond d’obtenir d’autres regards et des informations sur l’ennemi afin de posséder une meilleure compréhension de la situation, d’être plus agile, et de disposer de nouvelles compétences. Par exemple, Honey Ryder qui connaît l’île de Crab Key, Dr Holly Goodhead qui pilote le Moonraker ou le Dr Christmas Jones, ingénieur en physique atomique, qui sait désamorcer une bombe nucléaire.
et dont les attentes individuelles sont respectées
James Bond se montre empathique pour cristalliser leurs adhésions. Sa rencontre avec Mélina dans le film Rien que pour vos yeux en est un exemple parfait. Cette dernière souhaite venger ses parents en retrouvant le commanditaire de leur mort. Bond obtient qu’elle fasse équipe avec lui plutôt que de continuer à agir seule [7], dans le respect de son âme et ses valeurs de « femme grecque ».
L’attention portée aux attentes et aux frustrations des « collaborateurs » de l’ennemi, construit les termes du partenariat. C’est ainsi que dans Skyfall, il convainc Séverine, rencontrée au casino de Macao, de le mettre en contact avec son patron parce qu’il perçoit sa peur. L’observation de son tatouage au poignet, lui permet ainsi de retracer son histoire et de lui promettre de l’aider à se libérer de son emprise [8]. Dans Opération Tonnerre, James apprend à Domino Vitali que son frère, le commandant Derval, a été tué par les hommes d’Emilio Largo, son amant et N°2 de Spectre et il lui propose de l’aider à le venger.
James a également le souci de son équipière en lui confiant un rôle précis (ex : Pam Bouvier, Pussy Galore) et en la protégeant (ex : Solitaire, Jinx).
Aller à l’encontre des convictions profondes des équipiers est une erreur. James Bond en a fait les frais, en particulier dans James Bond contre Dr No, lorsqu’il oblige Quarrel à l’accompagner à Crab Key malgré ses croyances sur le dragon de l’île, et sa rencontre avec ce dernier, sous la forme d’un char déguisé, lui sera fatale car il se tétanise.
Dans le prochain article, une nouvelle source d’inspiration sera abordée : le comportement de James Bond dans l’action et sa gestion de la concurrence.
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Notes explicatives
[1] Sauf dans James Bond contre Dr No où les codes n’étaient pas encore tous installés ; cependant, le gun barrel en ouverture et le thème créé par Monty Norman, qui est la 1ère des deux musiques du générique début, sont déjà présents
[2] Pour ceux qui l’ignoreraient : le(la) boss de James
[3] Parfois le méchant est identifié, mais son objectif ne l’est pas, parfois le méchant est inconnu mais un évènement justifie la crainte d’un danger majeur.
[4] Sauf Blofeld, même si parfois (pré-générique de L’espion qui m’aimait) on nous laisse croire qu’il est éliminé
[5] Drax considère que le gouvernement britannique lui doit des excuses pour la perte du moonraker pendant son transport
[6] Chef de la section Q, R&D du MI6 ; dans les derniers opus avec Daniel Craig, il est présenté comme un geek
[7] Elle vient de tuer avec son arbalète le tueur de ces derniers
[8] Mais il ne pourra tenir sa promesse, puisqu’elle sera tuée par Silva avant que les hélicoptères du MI6 débarquent sur l’île, prévenus par le radio-émetteur de Bond