Brouillard de fumée

[Article – épisode #2] Gestion de crise : l’impact des biais cognitifs sur notre perception

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Tous les biais cognitifs nous permettent de :

Dans l’épisode précédent, nous avions abordé la façon dont notre cerveau traite la quantité d’informations exponentielle auquel il est exposé au quotidien. Il s’agit maintenant de traiter de l’influence des biais cognitifs sur notre perception du monde.

Trouver des significations

Pour le cerveau, tous ces traitements d’informations n’ont d’intérêt que si les différentes données reçues et analysées ont un sens qui lui est intelligible. S’il y a des trous, il lui faut les combler pour ne pas être perdu. Il doit rationaliser ce qui lui paraît irrationnel, inadéquat, trop complexe. Si sa perception du monde est imparfaite, il le reconstruit pour se sentir complet.

Comme vu ci-avant, il s’accroche donc aux stéréotypes, aux généralités, aux grandes idées simplificatrices. Mais comme il est nul en statistiques, il simplifie les probabilités et les nombres pour mieux les comprendre. Un des biais induits a été très prégnant dans la crise du coronavirus : le biais de normalité, qui nous fait croire que le futur fonctionnera normalement, dans la continuité du passé, et nous fait donc sous-estimer la probabilité d’un événement à venir, d’autant plus s’il est a priori exceptionnel. Si la Covid-19 tue plutôt les personnes âgées, et que je suis jeune, alors il ne me tuera pas ; j’ai toujours réussi à me fournir en Chine pour mes pièces stratégiques, donc ça ne changera pas dans le futur ; nous sommes déconfinés, donc la menace est passée, etc.

Cette négligence de la probabilité nous fait réagir à un événement et à son ampleur, davantage qu’à sa probabilité. Le coronavirus tue, mais quelle est la probabilité qu’il me tue, compte tenu de mon âge, de ma santé, de mon lieu de résidence, etc. ? Et si l’on me dit que je peux à nouveau sortir de chez moi, c’est que je ne tomberai pas malade si je sors.

Et notre analyse du passé est aussi biaisée (ce serait trop facile sinon…) ! Le biais du survivant nous fait ainsi considérer une situation au regard de ceux qui dans le passé y ont survécu, en oubliant d’intégrer ceux qui y sont restés. Une étude réalisée en 1987 auprès des vétérinaires a ainsi montré que les chats qui chutent de plus haut que le sixième étage et qui survivent ont des blessures moins graves que ceux tombés d’en dessous. Cela signifie-t-il qu’il vaut mieux tomber de très haut ? Non. On oublie “juste” de compter tous les chats morts d’une chute de plus de six étages. Ils sont retirés des statistiques, et il ne reste que les « survivants ». C’est aussi ce biais qui fait faire des analyses de performance d’entreprises, en omettant d’intégrer celles qui ont disparu. Il est très proche de la loi des petits nombres qui fait prendre des conclusions sur un échantillon pas représentatif.

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Et si cela ne suffisait pas, notre cerveau, dans sa reconstruction du monde et des événements afin de les appréhender comme il se doit, refait l’histoire. Il va projeter nos hypothèses actuelles et notre esprit sur le passé, sans notion de vitesse avec laquelle les choses se sont produites. Et ainsi, il nous explique que le présent aurait pu être anticipé avec davantage de clairvoyance et de préparation. C’est le biais rétrospectif : sachant que la Chine s’était cloîtrée, que l’Italie était débordée par le virus, pourquoi la France, ou le Royaume-Uni, ou tout autre pays touché par la suite n’ont-ils pas réagi immédiatement ? Pourquoi avoir fait le premier tour des élections municipales alors que le virus était déjà là ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Qui se souvient des raisons données au moment de ces décisions ? Tellement simple de trouver le point de sortie quand on le connaît.

Dans le prochain épisode, nous aborderons l’impact des biais cognitifs – générés par notre cerveau – qui permettent d’agir vite et d’être réactif.

Xavier Baudard

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