Feuille sur fond blanc

[Article – épisode #1] Développement durable : 7 mythes à déconstruire

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Un peu plus tôt chaque année (en 2020, le Global Overshoot Day [1] était le 1er août), la planète entre en dette écologique.

Les concepts d’empreinte écologique et de développement durable s’invitent dans tous les médias grand public, mais de quoi parle-t-on exactement ? En quoi chaque entreprise, chaque organisation devrait se sentir concernée ?

Cet article est le premier d’une série dédiée au développement durable, où vous seront proposées quelques pistes très concrètes pour rejoindre le mouvement, et continuer à créer de la valeur durablement.

Je vous propose une première définition, histoire de planter le décor : « Le développement durable est celui qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs [2] ».

Le défi durable est d’arriver à concilier les enjeux du court terme tout en transmettant, non seulement une entreprise prospère, mais avant tout un monde vivant à nos enfants.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » disait Jacques Chirac, en ouverture de son discours devant l’assemblée plénière du Sommet de la Terre en 2002 en Afrique du Sud. Près de 19 ans plus tard, un grand nombre d’entreprises ne se sentent toujours pas concernées, plus par méconnaissance que par manque de volonté.

Pour pouvoir nous mettre en mouvement, changeons notre posture en combattant nos croyances sur le sujet.

Mythe # 1 : on a encore le temps

FAUX : l’ensemble de la communauté scientifique, alignée sur le référentiel du Stockholm Institute [3], confirme que les limites environnementales de la planète (changement climatique, raréfaction des ressources, dégradation des écosystèmes) sont déjà dépassées. C’est maintenant qu’il faut agir.

Mythe # 2 : seules les grandes entreprises sont concernées

FAUX : en France, la loi Pacte a apporté une modification majeure du Code Civil et concerne toutes les entreprises : « La société est gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité ». Depuis avril, la nouvelle législation européenne pour une économie plus verte (Green Deal), oblige les sociétés de gestion d’actifs à établir une classification de tous leurs produits d’investissements selon leur degré de durabilité.

Plus une entreprise sera verte, plus elle sera attractive pour un investisseur et financera plus facilement sa croissance.

Mythe # 3 : le développement durable, c’est agir contre le réchauffement climatique

FAUX : la durabilité d’une organisation est sa capacité à contribuer à la démarche globale instituée par les Nations Unies, c’est-à-dire à produire des biens tout en ayant une empreinte et une contribution sociale et sociétale compatible avec la durabilité globale. Je vous invite à aller consulter les 17 Objectifs de Développement Durables [4] (ODD) des Nations Unies pour constater le spectre large de cibles à atteindre (protection de la biodiversité et des océans, lutte contre la faim, qualité de l’eau, travail et salaire décent pour tous, pour n’en citer que quelques-uns).

Une stratégie durable sérieuse sélectionne et met en œuvre les ODD les plus pertinents au vu de l’activité de l’entreprise concernée.

Mythe # 4 : il suffit de compenser ses émissions de gaz à effet de serre pour s’aligner avec les objectifs globaux de réchauffement

FAUX : compenser ses émissions en finançant des projets d’évitement, de réduction et de séquestration carbone est un scénario ne permettant pas l’atteinte des objectifs globaux. Une démarche active et volontaire de réduction des émissions et de transfert vers des énergies renouvelables est indispensable.

Mythe # 5 : la transition durable a un coût qui pénalise la rentabilité

FAUX : le coût de l’action indispensable à la transition vers une économie durable est estimée à 2% du PIB selon Nicolas Stern [5], ce qui est bien inférieur au coût de l’inaction, estimé entre 5 et 20 % du PIB, qui serait nécessaire pour couvrir les pertes en cas de catastrophes naturelles, pandémies, mais aussi le manque à gagner résultant du désengagement des consommateurs préférant des offres plus éthiques.

Mythe # 6 : le cadre juridique n’est pas contraignant

FAUX : l’accord de la COP21 est un traité et a donc une valeur juridique et contraint les 195 états signataires à maintenir le réchauffement planétaire bien en dessous de 2°. Chaque état définit son scénario d’atteinte de la neutralité carbone en 2050 avec une politique adaptée, coordonnée dans le cas de l’Europe, avec une législation qui va se contraindre (vigilance, économie circulaire, gouvernance, reporting extra-financier) et des mesures plus incitatives (aides et financements conditionnés à des efforts de décarbonation) afin d’atteindre son objectif de réduction de -55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Mythe # 7 : l’entreprise n’est responsable qu’au sein du périmètre strict de ses activités

FAUX : la France adopte en 2015 la loi sur le devoir de vigilance qui oblige les entreprises à un suivi préventif de la situation des droits humains et sociaux dans leur chaîne de valeur mondiale, avec obligation de publication dans leur rapport de gestion ; elle sont donc responsables des externalités sociales négatives de  leur filiales et de leurs fournisseurs, en France comme à l’étranger.

Alors, convaincus ? Un peu, beaucoup, à la folie, ou pas du tout ? Dans le prochain article, je vous proposerai quelques questions clé à vous poser pour vous mettre en mouvement.

Isabelle LEFEBVRE

Références :

[1] Earth Overshoot Day – We do not need a pandemic to #MoveTheDate!

[2] Rapport Bruntland, ONU, 1987 Le développement durable – ONU France (unric.org)

[3]Stockholm Institute, Planet Boundaries : The nine planetary boundaries – Stockholm Resilience Centre

[4] Objectifs de Développement Durable. Les Objectifs de développement durable – Développement durable (un.org)

[5] The Economics of Climate Change, Nicolas Stern, 2007, Cambridge University press

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