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« Pourvu que ça dure… » Laetitia Bonaparte, mère de l’Empereur
A la suite du coup d’État du 18 Brumaire, Bonaparte devient Premier Consul puis Consul à vie. Le chemin vers l’Empire est désormais tracé. Il suffit de regarder avec attention ses portraits successifs réalisés durant cette période pour constater sa transformation physique : la silhouette s’épaissit, les cheveux se font plus rares, seule l’intensité du regard est identique. Son charisme est intact, qu’en est-il de son leadership ?
De général victorieux, protecteur de la Révolution, il va devenir en cinq ans, Empereur des Français, mais cela en fait-il un leader ?
Des quatre profils de leadership que le modèle ARAGORN® (Lugh & Co) isole : Intense, Brillant, Battant, Chevronné ; celui qui semble le plus en adéquation, à défaut de disposer de son analyse, avec le leadership de Napoléon Bonaparte est Battant.
En voici les principaux éléments de description :
- Un conquérant par excellence, transformateur, agitateur d’idées très rusé mais grand stratège, c’est un gagneur permanent.
- Très énergique dans l’action, crée un sentiment d’urgence qui n’exclut pas les coups «de gueule ».
- Très volontaire avec un grand pragmatisme.
L’histoire nous en a transmis l’image en un copié-collé : du Général victorieux de la campagne d’Italie (le conquérant) qui quitte l’Égypte parce qu’il n’y a aucun avenir (pragmatisme et volontarisme).
Le réformateur du Consulat (agitateur d’idées : Franc Germinal, Banque de France, organisation territoriale, Code Civil) pragmatisme (le Concordat), la ruse (le retour des émigrés royalistes).
Les postures observées qui en découlent :
- Meneur d’hommes qu’on a envie de suivre
- Respecté et craint à la fois
- Pense très vite, très logique et analytique avec un grand sens pratique
- Donne confiance par sa capacité à sentir les situations
- Change d’équipe s’il pense qu’elle n’est pas à la hauteur des enjeux
Napoléon fera confiance à son « équipe » militaire dont le Maréchal Berthier, son chef d’État-Major en est la figure emblématique, mais aussi à des civils, comme son Ministre des Finances Martin Gaudin, personnage peu connu de l’aventure napoléonienne, qui le restera pendant 15 ans du 18 Brumaire aux Cents Jours.
La bataille d’Austerlitz est un résumé complet du génie napoléonien et de son profil Battant :
- Volontarisme avec une marche forcée (40 km par jour) de la Grande Armée (200 000 hommes), mais organisée avec une extrême minutie logistique.
- Piège en faisant croire à une infériorité en nombre.
- Ruse en induisant une possibilité de négociation, le représentant russe décrit un Napoléon tremblant de peur « Notre avant-garde suffira à l’écraser» transmet-il à Koutouzov, son supérieur.
Sans vouloir décrire une bataille dont tous les manuels de stratégie militaire se sont faits l’écho, le 2 décembre 1805 est une victoire éclatante.
Le discours de Napoléon est emblématique : « Soldats, je suis content de vous… il vous suffira de dire j’étais à Austerlitz, pour que l’on réponde : voilà un brave ! »
La légende se nourrit du récit d’un cavalier de l’État-Major : « Vers le milieu de la journée alors que la bataille battait son plein, il se fit étendre une couverture « la bataille est gagnée » dit-il et il s’allongea, s’endormit tandis que le combat continuait. »
L’excellence managériale de Napoléon a triomphé, au sommet de sa gloire son génie militaire n’est pas contesté, mais est-il un leader ou un meneur d’hommes ?
Comme toute qualité poussée à l’extrême, ainsi à trop vouloir mener les hommes peut conduire à l’autoritarisme, le charme utilisé pour gagner la confiance démontre peu de sentiments réels « c’est avec des hochets qu’on mène les hommes. »
De plus, trop confiant en ses capacités, il n’accepte pas ou peu les contradictions : « Vous êtes de la merde dans un bas de soie » éructe-t-il à Talleyrand dans une colère, feinte ou réelle, dont il a le secret.
Dans la conviction que tout est possible « impossible n’est pas Français », que son intelligence est supérieure d’autant qu’elle n’est pas ou peu challengée, la dérive de l’Hubris est certaine.
Un Empire autoritaire, le clanisme ne fédère pas ou, du moins, pas d’une façon pérenne. Sans adhésion, partage en profondeur et humilité, il n’y a pas de leadership, en cela, Napoléon, quelles que soient ses nombreuses qualités, n’est pas un leader.
La preuve en toute ambiguïté, hormis sa légende qu’il a su façonner et à l’exception de ses réformes, rien ne s’est inscrit dans le temps.
Sa volonté dynastique était sa véritable motivation principale, elle l’a emporté au-delà de lui-même.
Or, le leadership c’est aussi savoir transmettre.
Pour nous, dirigeants, la réflexion mérite d’être menée : combien de fois, succombés à l’Hubris, avons-nous suivi ce précepte : « On est précédé par des imbéciles et suivi par des intrigants. »