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C’est un fait, nous évoluons dans une société libérale et capitaliste. En effet, l’une des principales théories du capitalisme repose sur la loi de l’offre et de la demande. Si la demande est élevée et l’offre est faible, les prix augmentent. C’est simple et factuel. Et cette théorie s’applique aussi au monde du travail lors de la fixation des rémunérations.
Prenons, tout d’abord, la demande : un poste.
Que recherchent aujourd’hui les individus dans l’entreprise ? Un emploi. Et cette quête concerne 9% de la population active française. Elle vise notamment à satisfaire l’un des besoins mis en avant par Maslow dans sa célèbre matrice que l’on ne présente plus.
Dès lors, quid des 90 % restants ?
Selon une enquête menée en 2019 par le cabinet de recrutement Hays, sur 79% des sondés, les principales raisons invoquées pour un changement de fonction sont : l’intérêt du poste (53 %), une rémunération plus attractive (44 %), des perspectives d’évolution (41 %), le cadre de travail (35 %), et la culture d’entreprise (22 %).
Un autre sondage, réalisé la même année par l’APEC, semble également aller dans ce sens en montrant que : « l’attachement [comprendre du collaborateur] à son employeur régresse » et que « L’aspiration numéro un qui va déclencher l’attachement est claire : que leur travail [comprendre des collaborateurs] ait du sens, qu’il ait un impact positif sur la société tout entière. »
Il en est de même pour l’étude réalisée par Boyden et l’Ifop qui porte, quant à elle, sur les aspirations des cadres âgés entre 35 et 45 ans et qui témoigne de leur envie de changement. Parmi les ambitions verbalisées par les répondants pour les cinq années à venir, ces derniers souhaitent : devenir dirigeant de leur entreprise actuelle (46 %), créer leur propre entreprise (26 %) ou rejoindre une start-up (23 %).
Pour résumer, l’obtention d’un meilleur salaire ne constitue désormais plus le critère premier lors d‘un changement de poste. D’autres éléments tels qu’un management de qualité, l’adéquation entre les valeurs d’une entreprise et leurs valeurs personnelles, l’équilibre vie privée/vie professionnelle, la reconversion, la quête de sens au travail, pour n’en citer que quelques-uns, deviennent prédominants. Cette volonté s’inscrit, le plus souvent, dans un questionnement plus global : quelles sont mes valeurs ? A quoi sert mon métier ? Les individus sont de plus en plus nombreux à mener une réelle introspection comme l’a si justement exprimé David Graeber dans son ouvrage au titre provocateur « Bullshit Jobs ».
Face à la demande, on retrouve l’offre : un travail.
La proposition ne semble-t-elle pas limitée ?
Pour pallier ce déficit, de nombreuses entreprises surfent sur un mot à la mode : le bien-être au travail. Même si la plupart de ces initiatives sont à saluer, il est néanmoins important de s’assurer de leurs réels impacts au quotidien. Et ainsi, veiller à ce qu’il ne s’agisse pas d’une tendance mise en lumière par les entreprises à des fins de communication. Après tout, le bien-être et la bienveillance ne devraient-ils pas être acquis et faire partie du paysage de l’entreprise par définition ? L’entreprise ne devrait-elle pas plutôt mettre en avant une vision, un but qui dynamise et motive ses salariés plutôt qu’une succession de tâches, plus ou moins intéressantes, à accomplir ?
Cet enjeu de quête de sens est aussi valable pour les dirigeants d’entreprises. Souvent happés par le quotidien et ses urgences, se dégager du temps pour réfléchir à son objectif à long terme, à l’aventure à créer, à la stratégie à mettre en place est parfois une gageure. Dans ce contexte, la confrontation avec un interlocuteur externe et neutre qui porte un regard extérieur est nécessaire pour leur permettre de s’engager durablement et avec constance dans cette démarche au vu de leurs aspirations.
Les envies changent. Aujourd’hui, Maslow ne schématiserait sans doute plus ses théories par une pyramide, mais plutôt par une boule à neige dans laquelle s’entremêleraient joyeusement confiance, accomplissement personnel, besoins sociaux, physiologiques et de sécurité.
Les mentalités aussi changent, et la loi s’adapte. Lors de sa création, une entreprise doit définir son objet social, son activité. Avec la loi Pacte et la création de « l’entreprise à mission », la société pourra dorénavant expliquer plus que son objet, sa « raison d’être ». Notion qui se veut plus large que son objet en ce qu’elle ne se limite pas à la recherche du profit.
Ne reviendrait-on finalement pas aux basiques ?
Je me rappelle ma professeure d’économie lorsque j’étais étudiante qui nous répétait que « le but de l’entreprise n’est pas de gagner de l’argent, mais d’être financièrement stable et pérenne pour accomplir son objet ». Nous semblons prendre la bonne direction. En effet, « l’entreprise peut poursuivre, dans le respect de son objet social, un projet entrepreneurial répondant à un intérêt collectif et qui donne sens à l’action de l’ensemble des collaborateurs. Cette modification consacre les engagements pris par nombre d’entreprises au titre de la responsabilité sociale et environnementale. La raison d’être est le projet de long terme dans lequel s’inscrit l’objet social de l’entreprise. La consécration de cette notion dans le code civil incite les entreprises à être plus orientées vers le long terme. » (economie.gouv.fr)
De plus, « la mission est inscrite dans les statuts et un organe de suivi, où les salariés sont représentés, est chargé de vérifier la conformité des décisions de gestion de l’entreprise avec sa mission. » Il s’agit, à mon sens, d’un véritable levier pour redonner du sens à l’entreprise, à son projet, et ainsi, mobiliser les salariés. Reste à voir si, avec le temps, cette bonne volonté se concrétisera…
Après la loi ESS (Economie Sociale et Solidaire) en 2014, un changement de fond semble donc s’être amorcé.
Pour conclure, je rappellerai la théorie fondatrice du capitalisme d’Adam Smith, celle de la fameuse « main invisible » qui guide et auto-régule le marché. On est plutôt loin d’une théorie purement factuelle, on frôle même le spirituel. Et pourtant, il s’agit d’une “théorie selon laquelle l’ensemble des actions individuelles des acteurs économiques, guidées (par définition) uniquement par l’intérêt personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien commun.”
En conclusion, en exerçant le métier qui vous transporte vous engendrerez votre bien et le bien commun. Alors, osez donner du sens à votre travail, à votre entreprise! Osez créer une entreprise qui a de la valeur et des valeurs!
Pour mener cette initiative stratégique, rappelez-vous que la mission et vocation du coach est de vous y accompagner pour vous permettre de décupler votre impact de manière durable.
Alors, une utopie ? Peut-être pas tant que ça…
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie » (Confucius)
Edwige ZANDECKI