[Article] Gestion de crise : la comptabilité en temps de crise et si c’était le moment de changer ?

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La crise sanitaire en cours est inédite et a un impact évident sur l’économie, les entreprises et leur niveau d’activité. 

Les entreprises (re)négocient leurs emprunt, leurs lignes de crédit, leurs budgets, et, pour certaines, terminent leur exercice comptable, ou préparent la clôture. Pour celles dont les exercices sont clos depuis le 31/3/2020, la crise du Covid-19 a un réel impact dans les comptes, notamment pour celles impactées par le confinement (fermeture d’usines, diminution de productions, etc). Dans les mois à venir, les restructurations (achats, cessions, partenariats) vont sans doute connaître un essor considérable afin de faire face à la crise économique en cours.

Dans cette optique, la présentation des comptes et des ratios revêt une importance encore plus forte que d’habitude. Les comptes d’une entreprise (bilan, compte de résultat et annexes) sont le reflet de son activité économique : le bilan est une photo à l’instant T tandis que le compte de résultat représente la synthèse des charges et des produits de l’exercice. L’annexe, quant à elle, fournit des informations complémentaires, parfois non comptables. Les partenaires financiers (banques, investisseurs) sont également très attentifs au suivi des ratios, et particulièrement à l’Ebitda (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization). 

Comment traduire cet impact dans les comptes et sur les ratios de l’entreprise, afin de refléter une image fidèle et en prenant en compte les situations inédites auxquelles les entreprises ont fait (et font) face ?

A situation exceptionnelle, l’utilisation des comptes « exceptionnels » est une solution. L’avantage de cette manœuvre est de pouvoir isoler et identifier les charges.

1/ Le recours aux charges exceptionnelles 

La crise du Covid-19 a pu engendrer certaines charges, directement imputables aux évènements de ce premier semestre, et qui n’aurait pas été constatées en temps « normal ».

Les charges pouvant être constatées comme « exceptionnelles » d’un point de vue comptable (normes françaises) sont normées et correspondent à une définition précise (en cours de revue justement !).

Néanmoins, une approche prévoit également la constatation en « exceptionnel » des évènements inhabituels, anormaux, et peu récurrents. Les charges concernées peuvent être : des sinistres, des vols, des coûts liés à une restructuration ou encore à une fermeture d’usine, … 

Cette approche est plus subjective, mais en tout état de cause, la crise sanitaire du Covid-19 semble toutefois répondre à ces critères : inhabituelle, anormale, non récurrente.

Quelle que soit l’option choisie, il convient de détailler, en annexe, les charges et les produits exceptionnels, et de conserver la méthode d’une année sur l’autre (permanence des méthodes).

2/ La sous-activité & les stocks 

Les entreprises de production sont touchées de plein fouet par la sous-activité (fermeture d’usine, de site de production). Celle-ci est exceptionnelle, sa comptabilisation en charge aussi (la charge de sous-activité se calcule par rapport à un niveau normal d’activité). 

Suite à un épisode de crise où la capacité de production a dû être réduite (voire stoppée), les charges fixes continuent de s’accumuler (par définition), et le coût de production unitaire s’en trouve donc augmenté mécaniquement.

Le coût de production « en sous-activité » peut être comptabilisé partiellement en charges puisque cette charge n’est pas représentative du coût normé de l’unité produite. Cette disposition a pour objectif de ne pas survaloriser le stock et de ne pas le déprécier immédiatement, puisque le stock reste comptabilisé à un coût « normé », mais que les comptes de l’entreprise prennent en charges (exceptionnelles) l’impact de la sous-activité.

L’avantage de ces méthodes de comptabilisation est d’isoler les charges engendrées par les évènements passés (en cours) et de refléter l’image fidèle de l’activité de l’entreprise, but premier de la présentation des comptes d’une entreprise. L’autre avantage est de ne pas impacter le résultat d’exploitation ou l’Ebitda. Dans un contexte où les entreprises ont eu recours à des prêts, des garanties, les banques vont être attentives aux ratios de l’entreprise. De plus, ces prochains mois (voire années) verront se développer un nombre conséquent de rachats, de partenariats, de fusions… Le reflet d’une activité « normée » permet de donner une meilleure visibilité à l’entreprise.

3/ Repenser la fonction Finance ? 

Dans tous les cas, le dirigeant doit disposer de la meilleure information possible afin de prendre les meilleures décisions possibles. Or, selon le sondage lancé par Oracle Netsuite, la majorité des dirigeants (99%) se dit submergée par l’information, d’où l’importance d’une fonction finance/comptable en adéquation avec leurs attentes. Il ne suffit plus de délivrer les informations « légales » (destinées au fisc, ou la clôture des comptes) au chef d’entreprise mais aussi de mettre à sa disposition une information précise, fiable et exploitable, sur laquelle il pourra s’appuyer pour prendre des décisions.

Par exemple, le calcul de la sous-activité pourra aisément se faire par le service « contrôle de gestion » de l’entreprise. Dans ce contexte, si l’entreprise n’a pas de contrôleur de gestion, repenser la fonction « finance / comptabilité » de l’entreprise peut être une solution à envisager. En effet, la mise en place du contrôle de gestion ou la formation d’une personne pouvant calculer le plus finement possible les divers coûts nécessaires à la prise de décision peut être judicieux pour mieux aborder les incertitudes liées au contexte actuel.

Cette fonction, en lien étroit avec les autres services de l’entreprise, nécessite la compréhension globale de l’entreprise, de ses services, de son fonctionnement. 

De la même manière, afin de développer la fonction « finance » au sein de l’entreprise, il est nécessaire que ce service développe sa communication avec les autres services de l’entreprise, mais aussi avec le dirigeant, pour comprendre le fonctionnement global de l’entité, et répondre aux attentes du chef d’entreprise pour l’accompagner dans ses fonctions.

Une meilleure transversalité développera les relations inter-services qui permettront une meilleure compréhension des problématiques inhérentes à chaque fonction, améliorera la réactivité pour la production des données chiffrées. En effet, le chef d’entreprise se doit d’être réactif, et encore plus en temps de crise, afin de pouvoir « redresser la barre », « garder le cap ». Les données chiffrées représentent une composante nécessaire à toute prise de décision réfléchie et pertinente.

La transformation de l’organisation de l’entreprise peut parfois être perçue comme une révolution (mais ce sont les révolutions qui bouger les lignes !) par les parties prenantes (actionnaires, collaborateurs, partenaires…). Dans ce cas, l’accompagnement par un coach neutre, externe, dans la transformation de l’entreprise facilite la communication et la compréhension des besoins de chacun. Le regard différenciant et extérieur apporté par le coach (qui connaît aussi l’organisation d’autres entreprises)  favorise la fluidification des informations inter-services, et permet de challenger l’organisation établie, ou à établir. D’autant plus que les fonctions « finance » sont parfois mal perçues en interne… Et si le coach maîtrise la fonction finance, la « traduction » des besoins exprimés n’en sera que facilitée !

Ce contexte de crise est mouvant, propice à repenser ou à challenger son organisation afin d’optimiser les performances globales de l’entreprise.

Avant la clôture des comptes de fin d’année, si c’était le moment d’y penser ?

Edwige ZANDECKI
Diplômée d’expertise-comptable

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