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Dans cette interview, Pierre-Yves Platini, CEO du groupe Mind, nous livre les raisons qui l’ont conduit à organiser un séminaire stratégique au sein de son entreprise et les impacts de cette initiative sur son rôle de dirigeant et sur son équipe dirigeante.
Pouvez-vous me présenter succinctement votre entreprise ?
Le terme Mind correspond à la contraction de « mutation industrielle ». Nous nous définissons comme une société d’informations professionnelles et d’intelligence économique. Nous fournissons des informations à nos clients sur des secteurs économiques et des sujets à fort enjeu économique et à forte opacité pour faciliter leurs prises de décisions stratégiques.
Nous sommes spécialisés sur les secteurs suivants : médias et publicité en ligne, banque/finance/assurance/fintech, e-santé, retail et RH/relations sociales avec un focus important sur la transformation, notamment numérique, de ces industries qui connaissent des changements de paradigmes notables.
Nous fournissons et nous produisons de l’information sous différentes formes. La première étant historiquement la presse spécialisée, puis, plus récemment, les clubs de dirigeants. En parallèle, nous faisons également de la recherche à la demande, en mobilisant, cette fois-ci, des techniques d’études et d’intelligence économique. A terme, nous envisageons d’imaginer et de proposer d’autres formats.
Pourquoi avoir décidé, en tant que CEO, de conduire ce séminaire au sein de votre entreprise ? Quelles en étaient vos attentes ?
Avant d’organiser ce séminaire stratégique au sein de mon entreprise, j’avais assisté à celui organisé par le Spiil (Syndicat de la Presse Indépendante d’Informations en Ligne), dont je suis membre. Il s’agit d’une association qui, comme tous les syndicats professionnels de taille modeste, rencontre des difficultés à se projeter, à se structurer. Je n’attendais pas grand-chose de ma participation à ce séminaire car j’avais la perception d’un exercice un peu pipeau, un peu vain mais, en y participant, je souhaitais soutenir l’équipe dirigeante dans sa démarche de structuration. Alors que je m’attendais à quelque chose de fouillis, de mou ou à du wishful thinking, nous sommes finalement repartis de ce séminaire avec un plan très structuré et clair. Ce séminaire m’a donc laissé une très bonne impression malgré mes a priori au démarrage.
Ma participation à ce séminaire s’inscrivait dans un contexte particulier car cela faisait 5 ans que je dirigeais mon entreprise. Nous nous trouvions à une étape charnière dans la vie de l’entreprise, nous avions sorti de terre les premières activités et c’était le moment d’envisager l’avenir et la suite. Mes collaborateurs m’interrogeaient sur ma vision de l’après. Il me paraissait important de définir une vision partagée et construite ensemble, mais je ne souhaitais pas mener cette initiative en interne car je redoutais de son efficacité dans un tel contexte. Et finalement, ce séminaire avec le Spiil est arrivé au bon moment, je me suis dit que c’était la bonne démarche à mener pour parvenir à identifier efficacement une vision de l’après pour mon entreprise.
Comment avez-vous rencontré les intervenants coachs qui ont animé ce séminaire ?
J’ai rencontré Edwige et Xavier lors de ma participation au séminaire stratégique du Spiil.
Comment s’est déroulé ce séminaire et qu’en avez-vous pensé ?
Notre séminaire s’est déroulé en plusieurs étapes. Nous nous sommes, tout d’abord, projetés sur l’état du marché, l’état du monde dans 10 ans. Nous avons ainsi mené une réflexion dystopique sur les grands dangers, les changements sociétaux et les changements de marché. Il s’agissait du point de départ de notre cheminement stratégique. Puis, nous nous sommes focalisés sur la façon dont notre entreprise répondait et réagissait face à ce contexte. Cela nous a permis de mener une réflexion approfondie sur notre offre et de la mettre en cohérence avec l’évolution du marché.
Une fois cette vision à 10 ans identifiée et partagée de tous, nous nous sommes fixés un point d’étape à 5 ans. Nous nous sommes ainsi interrogés sur notre positionnement à atteindre dans 5 ans pour espérer tenir notre vision stratégique à 10 ans. Cette phase nous a permis d’identifier nos objectifs à 5 ans. Pour y parvenir et nous mettre en état de marche, nous avons, par la suite, procédé à un découpage par chantier.
D’une manière générale, je suis très satisfait par ce séminaire et ses retombées, les délais ont été tenus et les participants ont tous pu s’exprimer. A l’issue de ce séminaire, nous avons eu le sentiment d’avoir été productifs, tous les participants en ont été très satisfaits.
Quels bénéfices tirez-vous de ce séminaire en tant que dirigeant ?
En tant que dirigeant, ce séminaire m’a permis d’identifier le rôle que je dois occuper. Le contexte étant aujourd’hui différent de celui de la création de mon entreprise, je dois maintenant apprendre à déléguer et à me positionner différemment. Ce séminaire m’a donc permis de clairement identifier mon rôle de dirigeant pour atteindre un nouveau cap.
Quels bénéfices avez-vous perçu auprès de votre équipe ?
Je note plusieurs bénéfices suite à ce séminaire. L’effet immédiat que j’ai constaté post-séminaire est clairement la cohésion. Tous les participants sont sortis du séminaire en étant intellectuellement challengés, motivés et impliqués.
Un autre bénéfice attrait, cette fois, à la dimension managériale. Tous les collaborateurs qui occupent des rôles transverses ont participé au séminaire et ont exprimé leurs opinions et leurs idées sur l’orientation de l’entreprise. Leur participation leur a permis d’obtenir des réponses aux questions que leurs équipes pouvaient leur poser, et également, de partager, avec elles, ce qui a été évoqué lors du séminaire avec leurs propres mots, de justifier les choix stratégiques et de réfléchir à des produits, à des orientations.
Par ailleurs, le bénéfice ultime est que ce séminaire nous a permis d’identifier, de définir un cap, de lancer une réorganisation importante et de justifier de nos prises de décisions.
Quelles suites avez-vous donné à ce séminaire ?
Je me suis entretenu avec Edwige et Xavier, quelques semaines après le séminaire, pour échanger sur la présentation des résultats au reste de l’équipe. Après les avoir présentés au reste de l’équipe, des groupes se sont constitués pour poursuivre le travail et réaliser les chantiers évoqués pendant le séminaire. Nous continuons d’échanger avec Edwige et Xavier pour potentiellement envisager l’accompagnement (à travers le coaching) de nos équipes dans l’exécution de ces chantiers.
Si vous pouviez qualifier ce séminaire, quels seraient les 3 mots clés qui vous viendraient à l’esprit ?
Lorsque je repense à ce séminaire, trois mots clés me viennent en tête. Le premier est « projection » car ce séminaire permet de se projeter et d’identifier une vision sur le long terme. Le deuxième est « structure » car, grâce à ce séminaire, cette projection est articulée et claire, nous parvenons à visualiser, avec clarté, le cheminement pour atteindre notre objectif et être en phase avec notre projection/notre vision. Et enfin, je dirai « sérénité » car je considère qu’à partir du moment où l’on arrive à visualiser le chemin à parcourir pour y arriver, l’on est beaucoup plus serein pour réaliser son rêve et y croire.
Conseilleriez-vous à un(e) dirigeant(e) de mener ce type d’initiative au sein de son entreprise ? Si oui, dans quelles situations ?
Oui tout à fait. Je pense qu’il est pertinent de lancer cette initiative lorsque l’on est convaincus que l’on a passé une étape, que l’on arrive à la fin d’une étape. En ce qui nous concerne, je pense qu’il n’aurait pas été pertinent d’organiser ce séminaire il y a trois ans car nos efforts étaient alors concentrés sur le lancement d’autres projets.
En ce qui concerne la question du contexte, je pense qu’il est opportun de mener cette initiative lorsque l’on arrive à la fin d’une étape. En tant que dirigeant, il est possible d’organiser ce sentiment de tournant en fixant une date symbolique (un anniversaire par exemple), l’atteinte d’un chiffre d’affaires voire d’un nombre de salariés symbolique par exemple.
Est-il, selon vous, essentiel que les participants s’inscrivent tous dans cet état d’esprit ?
Je pense qu’il est essentiel pour les participants de s’engager dans cette réflexion. Il peut être intéressant d’y inclure des collaborateurs aux voix dissonantes qui manifesteraient leurs désaccords. Cela leur permettrait de les faire s’exprimer, d’intégrer leurs remarques au plan d’action et de leur proposer un projet commun qu’elles peuvent refuser.
Propos recueillis par Lugh & Co